Nouveau-monde – Âmes qui vivent

Centre de formation professionnelle Gabriel-Rousseau, St-Romuald.

Éléments métalliques : FOL art public

Aide à l’installation : Jacques Desruisseaux

Cette école professionnelle étant rattachée à la Commission scolaire des Navigateurs, l’on détectait justement des allusions à la navigation, que ce soit dans l’architecture et même aussi, si je me rappelle bien, dans les conversations préliminaires du concours d’art public. Deux espaces distincts nous étaient alloués dans le même bâtiment, soit l’entrée et le lieu de rassemblement, les deux espaces ouverts sur deux étages.

Nouveau-monde

Voyons le navigateur comme un explorateur à la recherche d’une nouvelle terre. Ce Nouveau-monde, il existera toujours sous une forme idéalisée jusqu’à ce qu’il soit un jour découvert puis colonisé. En attendant, il peut donner corps à tous les jeux d’identification, à nos rêves et nos lubies, lesquels peuvent prêter à cette terre qu’on habite un peu de poésie.

Dès l’entrée dans l’immeuble, un grand mur aveugle m’attend, surplombé vingt pieds plus haut d’un puits de lumière de très grand diamètre arborant des attributs du sextant et faisant face à une mezzanine l’entourant. Ce mur me destinait à une intervention frontale. Une entrée, le début de quelque chose incarné sur un plan. C’était l’occasion de cartographier quelque chose qui n’a pas de forme encore, un postulat sur ce que pourrait être la vie en ce monde ou ailleurs.

Accusant fortement le caractère d’entrée du bâtiment et, à un autre niveau, de prologue à l’autre intervention plus loin, une mythologie se voit cartographiée, en quelque sorte. Toutefois, les moyens mis en cause se court-circuitant mutuellement, le rêve et le trivial entrent dans un rapport de forces.

Sa configuration étant tirée de peaux de vaches, cette mappemonde confère un caractère épique aux tracés aléatoires sur les vaches qui pourtant, portent chacune leur signature. C’est un peu pareil pour les nuages qui quelques fois peuvent ressembler à tout ce qu’on veut y voir. De plus, ces dernières forcent un retour à l’échelle réelle, de laquelle on s’échappe sans y penser dans la représentation.

Mer de monde – Âmes qui vivent

Au bout de l’édifice, nous nous retrouvons dans une pièce très vaste, mitoyenne avec ce qu’allait être la prochaine phase d’agrandissement. Cet espace, plus que tout autre, est dédié aux rassemblements. Ainsi après la carte du monde, le monde à qui il appartient. Une installation suspendue ayant pour objectif de recenser, localiser et si possible, aborder les êtres les plus vivants de ce monde, ceux qui rêvent. 

Imaginons ce grand espace comme un immense territoire marin, parsemé de trois sondes présentant la forme de bouées. Accrochées par-delà la carte du ciel, elles se dressent entre deux eaux.

De tout temps, les villes littorales se sont annoncées aux navigateurs par leurs constructions en hauteur, que ce soient des clochers d’église, châteaux d’eau et autres, jouant un rôle de balisage passif. Plus tard se sont imposées les bouées faites expressément pour cela. Mais toujours, cette présence est la première à signaler celle d’une population. Cette fois-ci, pourtant, on croirait que c’est la bouée qui cherche le monde, le monde pensant, celui qui rêve. Nous passons ainsi par une autre culture et d’autres rites. C’est alors l’attrapeur de rêves qui pilote la machine. Coiffant cette machine, un dôme inspiré de n’importe quelle chapelle, une cloche renvoyant autant au maritime qu’au religieux, guettée par un battant faisant contrepoids avec un ballast dans la cale et enfin surmontée d’un paratonnerre… car on a ouvert des brèches dans le ciel.

L’allure générale de l’installation fait penser aux phares flottants, renforcés par le nombre sur les lieux, comme veillant sur une mer de monde.

L’ancrage au plafond au moyen de chaînes reprend celui de ces balises flottant sur les mers. L’occupation de la zone de mécanique au-dessus du plafond vient activer cet espace et le rattacher à l’œuvre totale. Les ouvertures correspondant à des modules carrés manquants rappellent peut-être des repères cartographiques ou ceux que tracent les archéologues sur les sites de fouilles.