Comme un jeu

Centre municipal des loisirs, St-Zacharie, Beauce

Architecture : DG3A Architectes

Merci à l’équipe de Ludovic Boney

Des parties de cartes aux échecs, des différents jeux d’adresse aux sports récréatifs jusqu’au sport spectacle, le jeu donne des occasions de s’amuser, de se dépasser. De ce fait, partout dans les villes, les installations sportives s’avèrent des lieux de socialisation. Entre le fruit qu’on coupe en quartiers pour le partager et la mise en disponibilité d’équipements sportifs pour une communauté élargie, vient l’impression que les balles et ballons se démultiplient pour mieux rebondir : le partage génère l’abondance.

Je n’aborde pas l’art public comme un élément de signalisation nous indiquant que nous sommes ici devant une école, là un poste de pompiers ou une bibliothèque. Je préfère prendre la chose par l’autre bout, soit en cherchant sur place un fil que je pourrai tirer un peu, menant à de possibles manipulations de formes et de matières. La différence est subtile, je ne cherche pas à illustrer ce que c’est mais je désire trouver mon compte, comme plasticien, dans un répertoire de formes ou d’actions qui se trouvent là.

Qu’il s’agisse de jeux de société ou quelque sport d’équipe, les règles les plus simples sont souvent les plus appréciées par les joueurs qui y investissent efforts, feintes et stratégies pour mener la compétition vers des issues multiples et imprévisibles. Je vois également le travail de sculpture comme un jeu sérieux et appliqué, une activité de jongleries où des manipulations diverses ouvrent sur quelque chose dont le sens restera ouvert aux appropriations des uns et des autres. Je constate que même des manœuvres apparemment simples peuvent générer une envoûtante complexité. Lorsqu’on est bon joueur, une forme abstraite qui se déploie ainsi est porteuse d’émotions et là encore, d’abondance.

Dans le cas qui nous intéresse, nous avons des sphères comme j’aime en produire depuis un moment. Il y a un espace à l’intérieur de ces sphères, un intérieur suave et coloré qui se révèle dès qu’on entaille la surface, dans une direction, dans deux directions. En outre et comme si les balles étaient à moitié enfouies dans le mur comme dans des orbites, elles arborent les entailles dans des angles changeants, comme si elles allaient se présenter autrement une autre journée.