Faits divers

Les jongleries ne s’arrêtent pas complètement. Des objets que j’ai construits et des observations qui se sont succédées, je garde aussi en moi des explorations pas trop terminées, quelque chose qui veut encore évoluer. De mon parcours de bricoleur, je ressasse ce qui aurait pu être fait et le peut encore. Des tas de choses ou d’idées, bonnes ou moins bonnes, restent en disponibilité. Elles n’ont ni réelle présence ni tirant d’eau, elles peuvent tour à tour apparaître et disparaître. Elles existent néanmoins, sous forme d’associations plus furtives et mobiles.

En tant que sculpteur, j’essaie de garder en vie un monde de choses qui pourtant, renferme aussi son potentiel de délestage. Je vais essayer de lui donner une logique en dehors du fatras d’où elles viennent. Une cohérence proprement picturale. 

Mes images se déclinent parfois sous forme de damiers. Les carrés ne sont pas des carrés mais des cubes. Les cubes ne sont pas des cubes mais de petites fenêtres superposées. Je pense que chacune d’elles pourrait s’ouvrir sur des espaces inachevés, qu’on entrevoit à travers un changement de lumière, un film de condensation entre les états, une grille de mise à l’échelle. 

Ce processus trouve sa place quelque part entre l’atelier, le travail de bureau et les épisodes fortuits de ce qu’on aime appeler la vraie vie. Dans certains cas, ce peuvent être des affaires que j’ai commencées en sculpture pour les terminer en apesanteur simplement en poussant la souris, en pointant le téléphone vers un petit détail pour ne pas l’oublier, tout en ayant l’esprit ailleurs. Des observations que je me contente de corroyer à la façon d’un archéologue, pour en dédoubler les épaisseurs.

C’est possible, sur papier.