Notes sur mes présences sporadiques à l’église St-Maxime de Scott

Faire basculer le monde dans l’abstrait est une tâche plus difficile qu’il n’y parait.

Depuis un moment, je vais passer des après-midis seul à l’église. Or je m’y rends habillé en semaine, armé de mes outils habituels. Je vais y prendre des photos mais aussi des mesures. Une longue quête se joue et ce n’est pas celle que vous croyez.

Prendre la mesure, voilà une façon de le dire qui s’approche un peu plus de ma quête. S’émerveiller d’avoir en disponibilité chez soi, ou tout près, un bâtiment d’une pareille taille. Être le témoin ébahi de ces vastes espaces en jachère. Prendre la mesure de ce qu’il a fallu pour faire tenir ensemble ces hautes structures, lourdement déposées sur les buttes qui les tiennent en pâture aux vents. Il a bien fallu une vive dévotion pour entreprendre une telle construction mais surtout du savoir-faire, du génie.

Et de la démesure.

Prendre la mesure de cette démesure, c’est une chose qui se peut mais qui demande beaucoup d’attention et de recul. Il y a par exemple de longs moments où je m’active dans la sueur, des marathons passés à trimballer des choses sur tous les niveaux sans savoir ce que je vais en faire. Parfois je reste couché par terre à mirer mon objectif dans les reflets des interminables planchers cirés. J’arpente les recoins à la recherche d’une place où me tenir sur un pied, juste là où faire pivoter mon trépied. Me percher quelque part et y établir un point zéro.

Imaginons la nef comme un grand vaisseau où aller s’asseoir pour une longue traversée. Imaginons aussi les espaces contigus comme autant d’antichambres débouchant sur les éléments structurels ou les contre formes qu’on se rappelle d’avoir vues en positif de l’autre côté des parois plâtrées.

Le silence et l’écho de la nef me rappellent constamment l’impact de mes pas, des choses que je dépose çà et là pour les documenter dans ce grand espace.

La recherche est une intense activité et un gros travail mais c’est aussi un état d’esprit qui nous fait dire que ce qu’on cherche n’est pas arrivé, qu’il faut y retourner encore et encore. C’est une quête dont on ne connaît pas le bout. Je ne sais pas ce que je vais trouver, je ne sais même pas s’il y a quelque chose. Or la recherche, elle existe bel et bien. C’est quelque chose qui nous habite.

Plus tard, j’aurai à vous montrer des images tirées de mon voyage dans et autour de l’église St-Maxime. J’aurai également transcrit un peu mieux de mes impressions approximatives, en guise de mesures. Ou vice-versa.

Quelques angles morts est le titre d’une session de travail échelonnée sur plusieurs mois dans l’église St-Maxime de Scott, en Beauce. Mon but premier est de me sortir sporadiquement de l’atelier pour retrouver un lieu différent, lequel sera à la fois un espace de travail et d’observations. De la nef aux combles, du vide sanitaire aux murs creux, tous les espaces méritent d’être cartographiés.

Je remercie chaleureusement Nouaisons, centre agriculturel et la Municipalité de Scott de rendre l’expérience possible.

Ce projet est soutenu par l’Entente de partenariat territorial.